La position des objets sonores dans l’espace

La localisation des objets sonores dans l’espace a pris beaucoup d’importance chez les compositeurs de musiques expérimentales et ce d’autant plus que les logiciels et les moyens de reproduction permettent aujourd’hui de multiplier les canaux et les sources à la diffusion.

« …nous pensons bien entendu aux œuvres d’une grande partie des compositeurs de l’après-guerre (Varèse, Stockhausen, Xenakis ou Nono, pour ne citer que les tentatives les plus connues), qui culminent dans les années 60. Chez ces compositeurs, l’espace est posé comme dimension à part entière du son, sa « cinquième dimension »… » [1]

La notion fondamentale pour les disciples de Pierre Schaeffer, compositeurs et auditeurs, c’est l’écoute réduite, qui consiste à orienter l’intention d’écoute vers le son lui-même, sans préjuger de sa provenance ou de son appartenance à un langage ou à un système convenu et ainsi : « ayant négligé la provenance et le sens, on perçoit l’objet sonore »[2]. Ce que propose implicitement Pierre Schaeffer c’est une immersion dans l’objet sonore[3] pour en percevoir la facture et en apprécier les valeurs (ce qui n’exclut ni le ressenti ni les émotions).

Pratiquer l’écoute réduite dans un espace sonore 3D correspond parfaitement à une immersion dans l’objet sonore.

 

 

 


[1] L’espace-son, Makis Solomos, Première publication in L’espace : Musique-Philosophie, sous la direction de Jean-Marc Chouvel et Makis Solomos, Paris, L’Harmattan, 1998, p. 211-224

[2] L’intention d’entendre, Traité des Objets Musicaux p.155, Pierre Schaeffer, Editions du Seuil

[3] Avant d’en référer à la Phénoménologie de Husserl, ou à Merleau-Ponty, nous pensons que Pierre Schaeffer s’est inspiré des enseignements de Gurdjieff qui l’a initié à la méditation, à apprendre à se percevoir en train de percevoir, à être soi-même à la fois le sujet et l’objet de ses perceptions. L’écoute réduite apparaît alors comme une invitation à la méditation. Pour Gurdjieff l’homme est un équipage formé par un cocher (le penser conscient), une voiture (le corps physique), un cheval (qui manifeste les émotions et les sentiments) et le passager (le Moi, qui le plus souvent ne commande rien du tout).