Avec les Scènes Croisées de Lozère les 18 et 21 juin 2022, le Collectif Archytas a présenté une œuvre pionnière mariant les échelles linéaires, la musique électro-acoustique, et la spatialisation du son. Cette œuvre-étude, c’est CADENZA POUR ÉCHELLES LINÉAIRES. Les auteurs sont Frédéric Anthouard et Bernard Dürr.
Cette œuvre a été créée à St-Martin de Corconac le 12 septembre 2020.

18 juin 2022 • Saint-Andéol de Clerguemort
Représentation donnée au Temple rond de Lézinier

21 juin 2022 • Saint-Laurent de Trèves
Représentation donnée à ciel ouvert à la Ronceraie

Le Collectif Archytas tient à remercier l’Association Joia En Cor et Nausicaa, ainsi que la Mairie de St-Andéol-de-Clerguemort et la paroisse du Temple de Lézinier.

CADENZA est une réflexion autour du Temps, de la mémoire.

Les spectateurs ont pu découvrir une musique nouvelle, souvent planante, parfois déstabilisante, avec une pureté d’écoute très travaillée, qui interroge le temps et l’histoire de la musique.
La composition cherche bien sûr à conserver l’attention de l’auditeur, mais en explorant des transformations désarçonnantes, déstabilisantes, disruptives…

                             

Quelles échelles musicales pour la musique électroacoustique et la musique mixte ?

Les échelles linéaires (par opposition à l’échelle logarithmique du tempérament égal) offrent un champs d’expérience basé sur des segments de séries harmoniques avec des intervalles fractionnaires comme ceux que préconisent les tenants de la just intonation. En 1976 Bernard Durr crée au Groupe de Recherches Musicales, alors dirigé par François Bayle, une Etude aux Degrés Linéaires pour piano et instruments de synthèse. Il utilise un tempérament qu’il nomme B6/B7, formé de deux segments de séries harmoniques séparés par un intervalle de 7/6e, accordable sur un piano et compatible avec l’écriture sur la portée traditionnelle. A la demande de Pierre Boulez, il expose au Collège de France l’évolution des échelles musicales et ses travaux sur les gammes linéaires. Avec la création du Collectif Archytas en 2019 il reprend cette approche et le développement des outils informatiques adaptés souhaitant ouvrir un espace de composition mixte intégrant une exploration harmonique et mélodique.

Jouer avec les échelles

Les transpositions avec les échelles linéaires ne peuvent pas s’opérer comme avec le tempérament égal. Les 6 notes de B6 sont transposables en B7 dans le rapport étrange de la tierce 7/6 parfois appelée tierce septimale parfois blue third. Les outils de composition sont complètement différents, à trouver, à expérimenter, à découvrir. Les variations structurelles peuvent aussi être réalisées en extrapolant les intervalles fractionnaires ou en élaborant des instruments spécifiques pour les timbres ou les spectres grâce à l’ordinateur.

Dans CADENZA, Frédéric Anthouard et Bernard Durr se sont concertés pour le choix des modes et de la structure globale de l’oeuvre. Bernard Durr a réalisé la conception des outils théoriques et des instruments informatiques. Frédéric Anthouard a conçu et écrit la partition instrumentale, composé et mixé les contrepoints électroacoustiques et dirigé l’ensemble. On y retrouve son expérience du live électroacoustique et ses inspirations de Frank Zappa.

Pourquoi le nom CADENZA ?

Les modes possibles avec des intervalles appartenant aux échelles linéaires ne comportent pas systématiquement de quinte ni de tierce qui forment les accords de base de la tonalité. On découvre cependant des mécanismes de tension/détente particuliers, des cadences singulières avec une résolution reposant sur des  progressions harmoniques inhabituelles, peut-être inouïes.

Le compositeur cherche à maintenir l’attention de l’auditeur tout en explorant des transformations attendues/inattendues, complaisantes/désarçonnantes, apaisantes/déstabilisantes, disruptives, espérant fonder l’apprentissage de la résolution par la répétition . Il veut que l’écoute soit guidée, dans ces relations inhabituelles entre notes, timbres, spectres, par une logique, une construction, une cartographie balbutiante qui permette une trajectoire plausible pour découvrir un nouveau territoire.

L’échelle B6B7 comporte deux fondamentales et la résolution harmonique peut s’appuyer sur l’identification formelle de l’une ou de l’autre.

CADENZA, tonalité, modalité ?

Impossible de répondre à cette question. C’est une musique mixte donc on n’y trouvera pas entre les objets sonores de relations exclusivement de hauteur ou de timbre. L’objet sonore dont la provenance est masquée (acousmatique) révèle des strates de signifiés ou des ‘affordances‘ (que la composition n’arrive pas toujours à diriger).

La partition de Frédéric Anthouard est construite sur un a priori modal. La pulsation rythmique est travaillée et marquée par les percussions et la conduite des voix navigue, comme notre perception du temps, entre continuité et discontinuité, avec en contrepoint des accords, des timbres, des spectres et du bruit.

Collectif Archytas

CADENZA en Résidence 

Oui, l’échelle linéaire est exigeante. Écoutez, tendez l’oreille. Au début c’est très perturbant, mais ensuite, petit à petit, la logique se met en place et on accède à un monde étrange, à une dimension parallèle…

Échelle linéaire : Bernard Dürr • Direction : Frédéric Anthouard • Soprano : Irène Mayaffre • Mezzo-soprano : Louise White • Piano : Pierre-Marie Curt • Batterie : Michel Blanc • Vibraphone : Vincent Concaret • Ingénieur du son : Manuel Ballesta • Photographies : Éric Dürr